La 12/15 M P6


 

Une auto moderne ...pour un homme moderne !

 

( Slogan promotionnel Ford en 1966 )

Ce dossier est consacré à la deuxième génération de traction avant présentée en 1966 par Ford sous l'appellation globale P6 (Projekt n°6).

Ce sont des autos qui gagnent à être connues en attendant d'être reconnues!

Formes rondes

FORD N'ARRONDIT PLUS LES ANGLES !

 

Encore des airs de famille !

 
La P6 ? Elle laisse rarement indifférents les Taunus Men, on l’aime ou… pas du tout ! Question de goût avant tout et donc d’esthétisme extérieur, parce qu’il faut bien admettre que sa ligne tranche avec la précédente génération "Traction Avant P4".

 
 
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Ford Cologne planche sur le prototype P6,  on  reconnaît l’air de famille des aînées : à gauche un faux air de P5, la calandre arrondie renforçant cette impression tandis qu’à droite, on  peut y voir une légère ressemblance  avec P4 (la rondeur de l’aile avant et de l’optique, la forme de la calandre).

 
 
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L'arrière est un modèle de figure géométrique rectiligne. Sur la photo de gauche, la forme rectangulaire de la P6 est bien "ancrée" dans l'esprit des concepteurs du modèle et ressemble beaucoup à la touche finale 15m.  Pour le cliché de droite, les feux verticaux laissent un trop grand vide sur cette face arrière, ne faudrait-il pas mieux conserver un aspect charmant de l'ancienne 12m, les feux en amande et du même coup "labelliser" cette originalité ? Le monogramme Taunus est placé sur le côté droit et non sur le capot… On suppose que le bouchon du réservoir d'essence est placé derrière la plaque d'immatriculation comme sur P3 ou P5.

 
 

    

On y est presque...

 
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L’attention se fixe sur cette version ci-dessus pour donner naissance à la future 12m, quelques modifications vont encore avoir lieu mais on a déjà la base : décrochement latéral sur la porte arrière, la nervure sur le capot, une calandre plate "coupe-frites" et des optiques ronds. 

 
 

  Et la version Coupé alors ?

   Fidèle à son habitude, Ford Cologne va décliner plusieurs types de carrosserie dont un élégant Coupé (du moins on peut l’espérer !) à l’image des générations P4 ou P5.
 
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 Une études de 1964 sur version 15m. C’est dommage que cette forme annonciatrice des Fastback TC1 ne soit pas, au final, retenue.

 

 
 
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Ce prototype est entériné,il ne cache plus de surprise. Remarquez au passage le grand retour des feux en amande, qui cassent la rectitude du bandeau arrière (en 12m). 

1965...l'essai

1965 L'ESSAI DE LA P6...

500.000 km chez nos amis Belges

 
 
 
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337.500 km

BONNES ROUTES

86.500 km

ROUTES MEDIOCRES

22.000 km

SURFACES TYPES "TÔLES ONDULEES"

 17.000 km

SUR DES PAVES

 
 

La suite paraît à peine croyable, mais la 15m aurait été expédiée en Espagne pour effectuer la bagatelle d’un million de kilomètres !!!
Les tests en tous genres prouvant la belle résistance de la P6, le modèle pourra être lancé courant 1966.

 
 
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  1965, validation d'endurance par les ingénieurs.           1966, "opération" séduction de la clientèle...                
 

 

" KOLOSSALE " PRODUCTION

La P6 va avoir une belle carrière, entre 1966 et 1970 plus d’un million d’exemplaires va être produit.

 
 
Lieux de productions COLOGNE GENK
12m 385 000 300 000
15m 290 000 219 000
Total 675 000 519 000
 

Comment je peux savoir où a été construite ma P6 ? 

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1ère lettre, source fabrication : G = RFA       2ème lettre, assemblée à : A = Cologne ou B = Genk

 

Une suspension sans suspens

UNE SUSPENSION SANS SUSPENS !

Ce domaine est la symbolique même de cette volonté novatrice voulant se démarquer de la génération précédente tout en conservant des éléments déjà éprouvés.
Ainsi une suspension (système Mac Pherson à ressorts longs) déjà montée sur 17m et 20m, vient maintenant équiper la génération P6.

 
 
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Les ressorts hélicoïdaux amortissent mieux les dénivelés de la route et assurent une conduite plus douce tout en garantissant une meilleure tenue de route. 

 
 
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En revanche, concernant la suspension arrière, Ford Cologne conserve les ressorts longitudinaux semi elliptiques à grands débattements et montés sur essieu rigide.
 

     

MOTEUR ROBUSTE…
MAIS QUE DE VARIANTES 

 

  Outre ses dimensions compactes, les quatre avantages reconnus depuis 1962 du moteur Taunus en V sont : la faible course des pistons réduisant leur usure, l'emplacement du carburateur au milieu des cylindres permettant une meilleure d’alimentation, le vilebrequin plus court gagne en rigidité limitant l’usure des paliers, enfin sans oublier le refroidissement  accru des parois de cylindres.

 
 
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L'ordre d'allumage est inchangé : 1-3-4-2 en sachant que le premier cylindre est à l'avant droit.

 
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 Pour la 12m, nous ne connaissons en France que les caractéristiques TYPE P6/3, autrement dit du 1,3 litre, le programme d’importation de Ford France s’étant limité à ce choix. C’est pour cela qu’en lisant des revues techniques françaises, la 12m ne possèderait qu’un type de moteur, ce qui n’est pas tout à fait exact. La réalité est beaucoup plus complexe et on finit par s’y perdre !  Jugez plutôt…
 

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Refroidissement

   
ROIDISSEMENT : RETOUR AU SAVOIR-FAIRE EFFICACE...

Le propriétaire d’une P6 ne peut pas soupçonner la simplicité de son système de refroidissement s’il ne connaît pas le fonctionnement par chauffage thermostatique  de la P4! Avec la 15m c’est le retour du ventilateur installé au bout de la pompe à eau, étant tenace dans mes convictions, je persiste à croire que l’abandon du système P4 relève bien de ses performances douteuses quant au rôle assigné (des P4 qui chauffent dans les embouteillages, encore aujourd’hui, ce n’est visiblement pas qu’une légende!). Pour notre génération P6, à 90° le thermostat est en début d’ouverture permettant ainsi aux 6,6 litres de liquide de circuler à travers tout le circuit. Vous retrouvez ici la force de la tradition qui a fait ses preuves sur P3 ou P5 pour ne citer que ces deux types de familles...

 
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La simplicité avant tout: le refroidissement est assuré à nouveau de façon classique, au diable le système P4!

UNE AUTO QUI NE MANQUE PAS D'AIR !

  Déjà évoqué lors des modèles antérieurs, le principe est aisé à comprendre: l’air frais de l’extérieur pénètre par des ouïes situées au-dessus et en dessous de la planche de bord. Une fois vicié, cet air est évacué par les volets d’aération logés dans les montants arrières, la fumée de cigarettes par exemple est dégagée de cette façon. 
 

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Les modèles 12m n’ont pas la chance d’avoir un équipement supplémentaire dénommé  "Vario Air" qui n’existe que sur la "grande soeur" 15m.

C’est un moyen de différencier la planche de bord 12m et 15m…

 
 

La version Coupé (à droite) est reconnaissable à sa grille horizontale et ne possède pas la même lunette arrière que la berline (à gauche).

Dans les deux cas, la visibilité pour les manœuvres est réduite par rapport à la P4 ou P3, du fait de moins de surfaces vitrées. 

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Une vraie 5 places

 
UNE VRAIE 5 PLACES !

Le choix traction avant a permis d’éliminer l’encombrant arbre de transmission passant sous le plancher, le passager arrière assis au milieu n’aura plus ce désagrément de ne pas savoir comment positionner ses pieds sur ce tunnel de transmission.
On l’a déjà dit lors du dossier P4, le plancher est plat, atout non négligeable pour le confort et le gain d’espace… Cet espace se retrouve aussi dans le coffre (563 dm3), argument à chaque fois employé dans les brochures publicitaires de l’époque!

 
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La P6, auto de classe moyenne, est par excellence le véhicule familial, fiable pouvant vous emmener loin en vacances.

UN ESPACE DE SECURITE

 

Le Taunus Man le sait, le freinage n’est pas le point fort des "M", pour la P6, des efforts ont été faits.
Partant du principe que deux sécurités valent mieux qu’une, deux circuits sont indépendants et si l’un venait à défaillir, l’autre jouerait encore parfaitement son rôle. Notez que l’assistance freinage (servofrein) est un équipement facultatif…

 
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Freins à disque auto réglables mis en place depuis la première série P6, par contre le double circuit de freinage est monté à partir de la série 2 en septembre 1967.


 

 

LES FUSIBLES

 
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( Illustration tirée de la série 3 )


1/ Allume cigare, montre plafonnier

  

2/ Plaque et tableau bord

  

3/ Feux position droits et feux arrières droits

  

4/ Feux position gauches et feux arrières gauches

  

5/ Soufflerie et klaxon

  

6/ Essuie-glace

  

7/ Centrale clignotant, stop et recul


Un fusible 56a (pour feux de route) est " caché " sous le boîtier du relais, un autre (56b) concerne les feux de croisement.

L'évolution

L'ÉVOLUTION DES 3 SERIES

(à partir de l’exemple 15m)

 
 
 Salon de Paris (automne 1966)
 
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Série 1 : elle a duré un an (septembre 1966 à automne 67), le tableau de bord inspiré de la P4 est peint de la teinte de l’auto. Pour cette première génération P6 on est encore fier de l’appellation Taunus, aucune hésitation pour transcrire le nom sur le côté gauche du capot ainsi que sur la face arrière.
Sur 12m le monogramme Taunus à l’arrière est plus " ramassé " mais situé également entre les deux feux.

 
  Salon de Paris (automne 1967)   
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Série 2 : outre le remplacement du sigle Taunus par celui de Ford (sur 12m aussi),elle présente quelques modifications sur le tableau de bord : la couleur noire devient la règle, uniformisant son aspect.
La disposition des interrupteurs sur cette planche de bord est légèrement modifiée tout comme les chiffres du compteur kilométrique. L’équipement électrique passe enfin (pourrait-on dire !) en 12 volts. Le système de freinage est amélioré par le double circuit renforçant de la sécurité passive, de même la partie centrale du volant dispose d’un moyeu rembourré.

 
   Salon de Paris (automne 1968)
 
 
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Série 3 : on entre dans l’ère de la modernité, volant rembourré à 3 branches, tableau de bord à 3 cadrans circulaires, casquette de la planche de bord capitonnée. Le levier de vitesses au plancher est en option.
Le monogramme change pour la troisième fois : dorénavant le lettrage est séparé en milieu de capot, à l’arrière le sigle est placé à droite du coffre précisant la cylindrée ou la version.

15 M XL

15m XL

Pour faire simple, on peut dire qu’elle va remplacer la version TS des deux précédentes séries . Cette 15m haut de gamme a été produite à partir de septembre 1968 jusqu’en août 1970. Outre la motorisation plus poussée, c’est la finition intérieure qui est peaufinée…

 
 
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 Mentionnons encore que cette version est peu fréquente en France et qu’on peut aisément la repérer des autres 15m : outre le sigle, elle a un bandeau noir sur la face arrière et une calandre à 4 barettes chromées espacées (au lieu de 7 rapprochées)

 
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Sièges plus confortables entièrement inclinables, intérieur aux coloris coordonnés y compris le volant, faux bois…

 

LES RARETES P6…

 
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Il est peu fréquent de renconter des 12m ou 15mTS 1700S. Ces véhicules existent en quantité limitée et il y en a probablement très peu en France.

C’est le moment de lancer un appel à nos amis Internautes, notre galerie « visiteurs » est ouverte !

 
 

 Moins rares (tout est relatif) sont les 15m RS, cette version " rallye/sport " est apparue à partir de mars 1968. Elle se décline en trois carrosseries (deux ou quatre portes et coupé).

 
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Infos rouille !

Difficile de dresser des généralités concernant la corrosion, ceci étant, on remarque (avec l’expérience des témoignages actuels) des zones récurrentes que la rouille semble affectionner particulièrement pour entamer son œuvre destructrice… 

 
 
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1. Haut d’aile avant, ça commence toujours par des petites cloques insignifiantes, puis la peinture s’écaille et le point de rouille apparaît…   

2. Parfois il y a la même mésaventure sur le bout d’aile au-dessus des optiques… 
 

3. Le bas de caisse (ici très « malade ») peut être atteint, à surveiller notamment la zone à proximité du passage de roue. Notez que ce dernier semble moins "attaqué" que sur P5 ou P7… 
 

4. Le bas d’aile arrière est souvent attaqué (notamment le droit côté bord de route)… Attention ici au maquillage fibré et résiné… La supercherie ne dure qu’un temps ! Bonjour les boursouflures… 
 

5. Le bas intérieur de l’aile avant est l’endroit idéal où stagnent l’humidité et la boue… La corrosion s’installe lentement mais sûrement de façon sournoise parce que longtemps peu visible (ou on feint de ne pas la voir !) jusqu’au jour où le bas de l’aile "croustille" au toucher alors que d’apparence il semble sain !

 

BILAN  SANS  CONCESSION  DU  "TAUNUS MAN"

 

LES PLUS  
       - La robustesse et fiabilité du V4 facile d’entretien
       - Consommation raisonnable.
       - Confort de conduite renforcé par une excellente B.V et une direction à crémaillère 
       - Rareté dans le monde des anciennes (notamment lors des expos Suisse ou Allemagne pour 15m)
       - Prix abordable pour un collectionneur au petit budget
       - Un large coffre permettant à une famille de voyager.

LES MOINS
      - Moteur mal équilibré au ralenti (vibration à bas régime)
      - Moteur bruyant au-delà des 90 km/h
      - Train avant sous contrainte pour cause de placement très avancé du moteur
      - Visibilité limitée de la lunette arrière (par rapport aux P4)
      - Soufflerie peu discrète !

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"Je suis une 12M, mais de quelles séries ?"   Si vous avez  bien lu le dossier ... Vous devriez savoir !